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Réalisateur Takeshi Kitano
Acteurs Masanobu Ando, Ken Kaneko, Ryo Ishibashi, Susumu Terajima, Leo Morimoto, Hatsuo Yamaya, Mitsuko Oka
Genre Drame
Durée 1 heure 47 

Je continue dans ma lancée avec  mon cycle "cinéma de kitano" donc avec Kids return, qui marque  un tournant dans la carrière de mon réalisateur préféré. Cependant, pas de souci, le génie est toujours présent. Après un mirifique Sonatine, Kitano réalise ici un film complètement différent dans lequel (point assez rare pour être souligné) il ne joue pas. c'est après un douloureux accident de moto (dans lequel il perdra la mobilité d'une partie de son visage) que Kitano décide de tourner Kids return, film plus personnel, c'est aussi un bon test pour savoir s'il peut sortir du genre dans lequel on l'a (trop vite) classé, à savoir le polar. Kids return est une réussite a n'en point douter, et Kitano vient de passer un cap important de sa carrière.

Donc, aussi étrange que celà puisse paraître, Kids return ne tourne pas autour de l'univers des yakuzas! Enfin bon, il ne s'en éloigne tout de même pas énormément, on reste en terrain connu. En effet, l'évocation de la jeunesse  au Japon est indissociable du monde des yakuzas. Kids return nous montre la jeunesse japonaise à travers deux lycéens, Masaru (dit Mancha) et Shinji qui vont devenir adulte dans un monde sans pitié. C'est ainsi que tout le long du film, on suit la destinée de ces deux amis qui peu à peu prendront un chemin différent, se quitteront des yeux et enfin se réuniront au final. A ce propos, notons que Kitano aime vraiment tourner en rond puisque de la même manière que Jugatsu, le film est une boucle. Comprenez par là que le film commence par la fin avant de dévoiler l'histoire des personnages. Procédé assez déstabilisent, sans être prise de tête (si l'on compare au montage très complexe de Hana-Bi).

Masaru et Shinji sont donc deux lycéens japonais. Toutefois, au lieu d'aller en cours, ils préfèrent de loin faire des blagues aux profs et mettre le boxon. Quand ils ne sont pas au lycée, ils traînent dans les bars, essayent de visionner des films pour adulte au cinéma et rackettent des élèves. Cependant, un jour Masaru se fait battre par un jeune homme (qui  défendait un élève s'étant fait racketter). Apprenant que ce dernier fait parti d'un club de boxe, Masaru décide de se consacrer pleinement dans ce sport. Il incite Shinji à venir s'entraîner avec lui, mais, ironie du sort, c'est Shinji qui se révèle être le plus doué. Au bout de plusieurs semaines, Masaru décide d'arrêter la boxe, et Shinji, qui possède un réel potentiel continue à s'entraîner sous les encouragements de son entraîneur. Ce n'est que quelques jours plus tard que les deux amis se retrouveront. Alors que Shinji est devenu un jeune espoir du club de boxe, Masaru s'est enrôlé dans un gang de yakuzas local. Les deux amis graviront chacun de leur côté les marches et deviendront de plus en plus important avant que de façon très violente, tout s'écroule pour l'un comme pour l'autre. Impitoyable destin!

Kitano, à travers ce film, dénonce la jeunesse japonaise, qui selon lui est trop passive. En un sens, j'irai même jusqu'à dire qu'il les méprise un peu. Les jeunes ne connaissent rien ni de la vie, ni de la mort (rappelons que Kitano est passé à plusieurs reprises devant la mort, et notamment juste avant ce film). La fin est assez spéciale pour un Kitano, puisqu'il laisse au spectateur le choix de voir ce qu'il veut à travers la phrase de Masaru "tout ne fait que commencer". Cependant, pour Kitano, la fin se veut tout de même pessimiste. A vous de voir! Personnellement, j'ai trouvé qu'elle était plus porteuse d'espoirs que de fatalités.

Comme à l'accoutumé, le style de Kitano est très présent, les désormais connus plans statiques sur des personnages sans expression. De même, on retrouve, comme dans a scene at the sea, les même actions qui se répètent (vraiment pour moi un des grands procédés de Kitano, magique). Du point de vue de la réalisation, bien sûr, on peut ne pas aimer, mais dans tous les cas, impossible de critiquer les talents de Kitano-sama. Vraiment unique ! Pour rester dans le terrain connu, c'est bien entendu Joe Hisaishi qui s'est chargé de la bande-son, et comme d'habitude c'est grandiose. Hisashi utilise comme à l'accoutumé des thèmes simples mais redoutablement efficaces (ils restent dans la tête pendant des mois). Le duo Kitano Hisaishi a encore frappé! Si Kitano n'a pas joué dans Kids return, il s'est grandement inspiré de sa vie pour le film, ayant lui même fait de la boxe, de même il connu une enfance difficile avec des hauts et des bas (tout comme aujourd'hui).Kids return est ainsi son film le plus personnel.

Masaru est interprété par Ken Kaneko, Shinji quant à lui est interprété par Masanobu Ando, désormais célèbre pour son rôle de tueur psychopathe dans Battle Royale . Les deux acteurs sont divinement interprétés, du bonheur! A côté, on trouve Ryo Ishibashi, Hatsuo Yamaya, et je n'oublierai pas de citer mon acteur fétiche, le grand Susumu Terajima qui nous fait encore preuve de ses talents . Bref, concernant les acteurs, c'est assez étonnant vu la qualité des performances alors que la majorité sont des adolescents.

Kids return est un film cruel et émouvant sur le parcours de plusieurs ados (on ne voit pas que Masaru et Shinji ), et si quelques lycéens ne s'en sortaient pas, je dirais que Kids return est un peu fataliste. Même s'il ne fait pas aussi mal que les autres films de Kitano, on garde la cicatrice longtemps. L'histoire est plus réaliste qu'à l'accoutumée, puisque les problèmes de Masaru et Shinji sont fréquent chez les adolescents, et pas seulement japonais. En ce sens, Kids return fait réfléchir sur la vie et la société qui condamne les jeunes adultes à répéter les mêmes erreurs. J'ai été très touché par Kids return et je le recommande évidemment à tous. En tout cas, être ado au Japon, c'est pas une vie!


Aoshi

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