Réalisateur |
Takeshi
Kitano |
Acteurs |
Takeshi
Kitano, Susumu Terajima, Omar Epps, Kurodo Maki, Masaya Kato |
Genre |
Polar |
Durée |
1
heures 54 |
Nom d'une cacahuète belge, j'y
arrive enfin à bout! Donc, nous allons
finir avec "Brother" ou "Aniki mon frère" dans
notre langue (je ne vous cacherais pas que je n'aime pas ce titre
puisque Aniki signifie frère, ce qui rend le tout assez étrange).
Bon, cessons de tourner autour du pot, et commençons la dissection
du 9ème film de Kitano. Film à part dans la filmographie du
maître...
Ce qu'il faut savoir, c'est que
"Brother" a été réalisé en Amérique, avec une équipe
en partie américaine. John Woo a fait son "Volte Face",
Tsui Hark a fait son "Double team", Kitano fait son "Brother".
Ce qui est intéressant, c'est que ce choc des cultures et
retranscrit parfaitement dans l'histoire du film. Voyez vous même :
Yamamoto fait parti d'un important clan de yakuzas. Le jour où son
chef se fait assassiner, tout le clan est dissout. Une partie décide
alors de s'engager dans un ancien clan rival. Yamamoto n'accepte pas et
décide d'émigrer aux Etats-unis où il a un demi-frère. Ce
dernier est un petit trafiquant de drogue sans envergure. L'arrivée
de Yamamoto va changer les choses. Leur gang va grossir au point de
devenir un des plus importants de la ville. Toutefois, tout le monde
ne voit pas ça du meilleur oeil. Notamment la mafia...
Le principal intérêt du film est
bien sûr la différence entre les cultures, les modes de vie.
Yamamoto,
étant yakusa sera beaucoup plus direct et violent. De plus, il ne
parle pas anglais, beaucoup le verront donc comme le parfait pigeon
à détrousser, le touriste paumé. La plupart du temps, ceux là
ont de grosses surprises. Au niveau de la réalisation, on retrouve
en partie le style de Kitano, mais on sent qu'il n'a pas pu se lâcher
complètement, le film étant tourné en anglais, et destiné au
public américain en priorité, c'est assez compréhensible. Par
contre, j'ai quelques réserves à émettre, notamment sur le déroulement
de l'histoire. Je trouve que le film est trop long, il y a trop de
choses, ce qui fait qu'on lâche un peu prise (pour ma part en tout
cas). Le budget du film est un peu plus important que ce à quoi on est
habitué Kitano, ce qui a permis quelques petites extravagances. Je
pense aux effets spéciaux pour créer le sang. Je trouve que ça
fait trop, ça devient limite gore (nd zhou : La scène du bar fait
trop "paintball"!!). Et pour continuer sur la
violence, le film est ultra violent. Mais pas ultra violent comme on
en a l'habitude. Pour donner un exemple, "The killer" de
John Woo est très violent, mais on apprécie grandement (très
grandement) les scènes d'action. Ici, chaque scène de violence
fait vraiment mal, on a du mal à le supporter. Kitano réussi à
changer l'image qu'on a de la violence qui tendait à la rendre
presque habituelle. Dans "brother», la violence montre sa véritable
nature (voir la scène avec les baguettes dans le nez). Il y a plus
de scènes violentes que dans les autres films de Kitano,
plus d'action. C'est peut être pour ça que je ne l'ai pas apprécié
autant que les autres (ne me faites pas dire ce que j'ai pas dit, le
film n'est pas mauvais). J'attendais plus de scènes "à la
kitano", des plans longs et contemplatifs. De ce fait, les
rares scènes de ce genre marquent l'esprit. Pour moi la meilleure
scène du film se trouve lorsque Susumu Terajima joue au basket en
disant "je suis Michael Jordan!". A côté de ça, la fin
est très bonne (je m'attendais à quelque chose de plus américain,
je fus rassuré). Surtout que la musique berce très bien le film.
Joe Hisaishi a encore composé une folie. Pourtant, il change un
petit peu de style, la composition est plus complexe, le son est
plus jazzy, mais c'est toujours aussi bon. Une fois de plus, Joe
Hisaishi a parfaitement cerné l'esprit du film. A croire qu'il est
en connexion spirituelle avec Kitano (croyez moi, la transmission de
pensée, ça me connaît ^^).
Kitano a amené avec lui une partie
de son équipe, on retrouve donc Ren Osugi et Susumu Terajima. Je
pense qu'à ce stade, leur talent n'est plus à prouver. Oulala,
j'ai failli oublier, je me serai fait tuer par ses fans, mais Masaya
Kato campe le rôle de Shirase. Vous l'avez très certainement vu dans
"Crying Freeman" de Christophe Gans (le bad guy). Et à ce
propos, son lieutenant est interprété par Ryo Ishibashi qui
interprétait le chef des yakuzas dans "Kids return". Le
frère d'Aniki est américain, mais il est joué par un japonais, le
talentueux Kurodo (Claude) Maki qui m'avait fait halluciner avec sa
performance de sourd muet dans le génial "a scene at the sea".
Voilà pour le camp japonais. Du côté des américains, on n'est
pas déçu du voyage. Même si les acteurs ne sont pas connus (du
moins pas encore), leur performance est excellente, notamment Omar
Epps qui nous livre un superbe monologue à la fin. En conclusion, je dirai que "Brother"
est un bon film, il n'est pas du niveau des autres films de Kitano
pour moi. Mais cela reste toutefois un très bon film, un kitano
sans aucun doute. On retiendra la performance des acteurs,
impressionnante et la musique de Joe Hisaishi qui fait planer. A côté,
certaines scènes sont inoubliables, mais certaines seulement, alors
que dans les autres Kitano, toutes les scènes sont inoubliables
(j'exagère à peine). En tout cas, Kitano n'a pas apprécié l'expérience,
car il a été un peu trop limité. On ne le reprendra pas de sitôt.
On ne se retrouvera donc pas avec le même syndrome que John Woo
(qui fait des films de plus en plus nuls depuis qu'il travaille aux
USA). Un film à voir, certes à ne pas mettre entre toutes les
mains, mais à voir. Il constitue une bonne alternative pour ceux
qui veulent s'initier en douceur au style vraiment à part de Kitano.
Aoshi
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